Chapitre 2 : Les personnages

Les personnages

Usurpatrice

Un premier visage que l’on offre au monde, un second visage que l’on montre à son entourage et enfin un dernier visage, le plus intime, pour la famille. Voila les facettes qui nous définissent… Avec le temps, je m’en suis détachée, peut-être trop. Je n’ai plus de visage, je n’ai plus de moi, je n’ai plus ma place parmis les miens. Je suis façonnable, adaptable, apathique, une brève rencontre, une sensation de déjà-vu, un voisin, un ami, un amour mais la vie finit toujours par me porter loin des autres.

Une ultime mission avant de me retrouver, de me façonner un dernier visage …

Illusionniste

Lettre de Jaeln, apprenti de l’Ordre rattaché à l’Initiative, à Wenagan, maître des arcanes et professeure à l’université d’Orcal :

Mon amie, 

C’est avec une certaine anxiété que je vous écris ce courrier. Tout d’abord, il me sera impossible de me libérer pour l’assemblée des arts mystiques du mois prochain. Sachez que je regrette déjà amèrement ma future absence. Je sais l’énergie que vous avez investie pour rendre ce congrès possible.

Mais, la situation à laquelle nous devons faire face est extrêmement préoccupante. Malgré le succès premier de notre mission, nous n’avons pas réussi à endiguer la corruption. Celle-ci se répand toujours dans nos contrées à une vitesse alarmante et cela m’amène à la raison première de ce courrier, Ednel a besoin de votre aide. 

Chaque jour le fléau s’intensifie mettant à rude épreuve mes convictions. A l’heure où j’écris ces mots, je suis convaincu que l’Ordre ne pourra lutter seul face à l’engeance. En tant qu’ancien disciple, ami et collègue, je vous conjure de vous joindre à l’initiative. Vos talents, vos connaissances, votre force et votre dévotion ne seront pas de trop pour mettre un terme à ce fléau.

Je suis conscient de la brutalité de ma demande et de tout ce que cela engendre pour Orcal. Vous me connaissez mieux que quiconque, je n’oserais vous soustraire à vos obligations si la situation n’était pas désespérée.

J’attends avec impatience de vos nouvelles.

Votre ami, Jaeln.

Prodige de l’Ordre

Echange sur l’initiative lors de la 183 ème réunion des sages de l’Ordre :

Un érudit inquiet prit la parole :

  • Je suis dubitatif face à votre choix mes chers confrères, avez-vous déjà oublié la tragédie du troisième ? Loryam est plus que prometteur, bien trop prometteur selon certains. Si je puis donner mon avis sans retenue, j’ai peur qu’il n’en découvre trop… Il n’est pas encore prêt à embrasser la vérité. Votre décision nous met en péril.

Le maître de séance calma son auditoire avant de répondre :

  • Malheureusement, je me dois de confirmer vos inquiétudes. Il est temps de vous en informer. J’ai reçu une lettre de notre contractuelle ce matin. Notre jeune prodige aurait d’ores et déjà percé les secrets de la crypte. Il serait en mesure d’asservir les corrompus, ce qu’aucun de nos “experts” n’a réussi à faire en presque un an… Le temps est dorénavant à l’action. Je soumets donc aux votes une observation approfondie par notre contractuelle ainsi qu’une autorisation d’action si la situation évoluait en notre défaveur.

Le vote fût validé à l’unanimité.

Éclaireur

Il est des hommes simples à la lignée inexistante qui ne laisse aucune trace dans l’histoire. Loin d’être portés par leurs ancêtres, par les dieux ou par le destin, ils sont pourtant les rouages du changement, des héros méconnus aux compétences aiguisées qui mériteraient une place dans nos mémoires car leur abnégation n’a d’égale que la pureté de leurs âmes.

Mage du sang

Un chasseur de l’Ordre… Suis-je censé trembler ? Me faut-il implorer votre pardon ? Crier à haute voix mon hérésie, prier pour mon âme viciée et pleurer à vos pieds afin que vous me libériez du blasphème ? Pour l’instant l’Ordre que vous défendez avec tant de hardiesse a besoin de moi… Je suis hors de votre portée. Enfin, pour le temps qu’il vous reste à vivre. Le sang ne ment jamais, Sir Chasseur de l’Ordre, et la boisson que vous consommez à outrance est un poison qui vous tire promptement vers la fosse commune.

Guerrière Sylvom

Où s’arrête le vent ? Où s’arrête la nature ? Où s’arrête la vie ? 

Nous les Sylvoms avons la réponse à ces questions. Il vous suffit de partager votre essence avec la brise, votre sang avec la terre et votre esprit avec le monde pour finalement comprendre que toutes ses interrogations sont futiles. 

Car nul ne guide le vent, rien ne bride la nature et ensemble nous forgeons la vie.

Elu divin

– Je ne suis pas comme vous. Je ne réponds pas à l’ordre des humains, mais à une force bien supérieure. Comme la vie, je suis né de leurs mains, comme le soleil, j’illumine ce monde et je repousse la noirceur, comme l’eau, je jaillis aux pieds du nécessiteux. Je vis pour protéger leur création et si je venais à mourir, cela ne serait que ma destinée.

– Je n’arrive guère à faire le rapprochement avec cette pièce d’or et ce surnom pour le moins étonnant ? demanda Jaeln intrigué par la réponse de son homologue.

– Je ne suis qu’un agent du destin et cette pièce d’or est le lien qui m’uni à nos créateurs. Lorsqu’elle s’illumine et vibre, je sais que je suis sur la route du destin. Quant à Pulse, ce n’est qu’un surnom que m’ont donné les petites gens. J’ai fini par m’y attacher.

Imprégnée d’Ilhus

Hume quitta l’enceinte du château pour s’engager sur l’axe principal vers le Sud de la ville. Les habitants s’activaient tandis que les étales se vidaient à l’approche du déjeuner. Comme à son habitude, le chasseur de l’Ordre observait consciencieusement la foule, cherchant le détail qui trahirait la présence d’une abomination. À sa grande surprise, son attention se porta sur une enfant d’une douzaine d’années. La petite, propriété d’un couturier, tissait avec précaution une toile de bonne qualité sur laquelle apparaissait le symbole de l’Ordre.

Sans comprendre ce qui l’attirait, il resta planté au milieu de la rue observant la jeunette exécuter son travail avec minutie. Il distingua finalement un léger voile violet quittant les mains de la couturière se fondant dans le fil de soie. Hume avait pour habitude d’enfreindre le règlement de son ordre et ce jour, il ne dérogea pas à la règle.

– Étrange de voir une si jeune personne choisie par les dieux, songea le chasseur s’approchant alors de la jeune fille. Quelle est ton nom ?

– Pesche, monsieur, répondit-elle timidement.

Hume ressenti une étrange sensation. Porté par un sentiment paternel, il oublia un instant son serment envers l’Ordre et pris une décision qui scella leurs destins à jamais.

– Accompagne-moi, Pesche. J’ai beaucoup à t’apprendre et peu de temps pour le faire. Tu es désormais sous ma protection.

Paladin

À chaque vie, sa prière. À chaque combat, une raison. À chaque mort, un dernier devoir. Je n’ai qu’une seule volonté, une seule ambition à l’approche de mes vieux jours, mourir pour une cause juste. Et quoi de plus juste que de protéger la terre qui m’a forgé.

Roublarde

Au creux de la nuit dans une bâtisse cossue de la haute ville d’Oréiss, une jeune femme passait du bon temps avec son nouvel ami.

– Tic, toc, mon petit chat. La clé du coffre, tu me donneras. Où ma colère, tu subiras, chantonna la roublarde sur un ton enjoué.

– Puterelle ! Est-ce que tout ceci est un jeu pour toi !? s’emporta l’homme ligoté à un baril de poudre.

– Un jeu ? Bien sur que non petit chat, je prends simplement plaisir à exercer ma profession, rigola-t-elle en allumant une longue mèche.

– Ce coffre est vide ! Il n’y a rien d’autre que de la paperasse sans la moindre valeur, avoua-t-il en perdant son flegme.

Elle s’approcha lentement de son interlocuteur plaçant ses yeux à sa hauteur, les chansonnettes se transformèrent en un ton glacial.

– Oh… Grand méchant chat ! Me prends-tu pour un de ces voleurs de pacotille ? Je sais exactement ce qui se trouve dans ce coffre. Pour la dernière fois, donne moi la combinaison.